RÉSUMÉ
En BREF – Des chiffres
- L’information largement véhiculée sur le Bti depuis plus de 25 ans n’est que partielle et ne prend pas en compte les conclusions d’un nombre croissant d’études indépendantes qui dévoilent les risques réels d’impacts sur la biodiversité (Land, M., Bundschuh, M., Hopkins, R.J. et al., 2019)
- Les autorités manquent largement de transparence dans le dossier Bti
- Les pesticides(insecticides, larvicides, herbicides, etc.), des substances qui détruisent la vie, sont omniprésents au Québec, notamment:
- milieu agricole: les néonics, atrazine, glyphosate, chlorpyrifos – Radio-Canada, 2019
- en milieu urbain, les pesticides utilisés à des fins esthétiques
- en milieu forestier: le glyphosate notamment, en forêt privée (VertigO, 2005)
- en milieux aquatiques et terrestres: le Bti
- Ainsi, la biodiversité, l’intégrité des sols et de l’eau, sont atteints de toutes parts
- Qui dit contamination des milieux dit dangers pour la santé humaine (La Presse, 2016)
- En plus de la bactérie Bti, le produit comporte plus de 80% d’adjuvants dont l’impact est inconnu sur les milieux (protégé par secret commercial)
- Le Bti au Québec est pulvérisé en raison du confort personnel et un simple décret de la part de la province suffirait à ce que cesse cette pratique non justifiée en 2020
- le Bti n’a aucune utilité démontrée contre le virus du Nil occidental (VNO); selon le gouvernement du Québec, le meilleur moyen de se protéger contre le VNO est l’application des mesures de protection personnelle contre les piqûres de moustiques (Quebec.ca)
- Les moustiques au Québec sont essentiellement une nuisance quelques semaines par année
- Aux voyageurs qui planifient de se rendre à l’extérieur du pays, il est recommandé de s’informer sur certaines maladies telles la Zika, la Chikungunya, la Dengue qui sévissent dans certaines parties du monde. (US Centers for Diseases Control and Prevention, 2019)
- Les propriétaires des secteurs touchés par le Bti, bien qu’ils peuvent exiger une exclusion de pulvérisation sur leur terrain, sont tous tenus de payer
- Dans le contexte de l’effondrement des insectes dans le monde et de toute la biodiversité, (IPBES, 2019), le Bti est totalement injustifié chez nous
- Le cas du Bti est un premier pesticide au Québec qu’on peut suspendre rapidement avec un minimum de volonté politique
Les larvicides commerciaux à base de Bti sont autorisés au Canada depuis 1982. Cette bactérie a été découverte en Israël en 1976 et depuis lors, elle est utilisée mondialement pour lutter principalement contre les moustiques. La toxicité démontrée par cette bactérie provient des cristaux de protéine qui s’attaquent spécifiquement aux insectes dont le tractus digestif est alcalin provoquant ainsi une libération des toxines du Bti. Les insectes les plus susceptibles à l’effet direct du toxique sont du groupe des diptères nématocères regroupant les culicidés (moustiques), les simulidés (mouches noires) et une grande partie des moucherons (chironomes, cératopogonidés — brulots — et autres). Ce larvicide serait sans risque pour les humains et tout autre mammifère potentiellement exposé aux doses permises pour la démoustication. Cependant, il importe de souligner que la manipulation de tout produit à base de microorganismes doit se faire avec un minimum de conditions de sécurité (Lacoursière et Boisvert 2004). Le Bti est pulvérisé directement dans les plans d’eau où les larves ont été répertoriées. Par mesure de précaution, il faut éviter d’appliquer le pesticide sur l’eau traitée destinée à la consommation (Santé Canada 2013). Plusieurs municipalités au Québec permettent la pulvérisation sur leur territoire et ce, pour des raisons de confort soit, pour contrer la nuisance que représentent les insectes piqueurs pour les activités récréatives et touristiques. En 2017, on a pulvérisé du Bti dans une soixantaine de municipalités au Québec. Le fait que l’industrie fait des représentations annuellement auprès des municipalités au Québec suscite notre plus vive inquiétude, explique notre présente action et ce, pour plusieurs raisons. En bref, les facteurs suivants nous interpellent : 1) l’absence d’information juste et à jour sur le produit telle que les doses d’application sur le terrain, la fréquence d’application, le nombre d’années de pulvérisation, les zones grises quant à la persistance du produit dans les milieux, le composé des adjuvants, la grandeur du territoire visé et son expansion éventuelle, l’incursion dans des refuges fauniques (est-ce qu’on traite dans ces aires protégées au Québec?) et l’impact négatif désormais démontré par un nombre grandissant d’études sur l’intégrité des habitats fauniques et la biodiversité. Dans le contexte actuel où nous assistons au Québec et partout sur la planète à un taux d’extinction des espèces « sans précédent » et qui s’accélère (Rapport IPBES/ONU 2019), nous demandons aux Villes du Québec de suspendre la pulvérisation du Bti sur leur territoire jusqu’à ce que des études indépendantes démontrent hors de tout doute raisonnable qu’il n’y a pas d’impact sur la biodiversité. Par ailleurs, il est impérieux que les autorités comprennent le lien intime qui existe entre la santé des humains et la biodiversité. Ainsi, nous demandons aux autorités concernées, aux trois paliers de gouvernement d’appliquer le principe de précaution :
Le principe de précaution : L’absence de certitudes, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas retarder l’adoption de mesures effectives et proportionnées visant à prévenir un risque de dommages graves et irréversibles à l’environnement à un coût économiquement acceptable (Loi Barnier, 1995).