Impacts économiques
Liens étroit entre écosystèmes sains et économie
Peu d’études montrent le lien étroit qui existe entre biodiversité, écosystèmes productifs et économie. Pourtant, tout ce que nous possédons provient de la nature et de sa riche diversité. Combien de mégapoles ont fait leur fortune grâce aux forêts et à la faune terrestre et marine?
Impact sur la pêche sportive
La présence de Bti, qui a un impact direct sur la disponibilité de nourriture pour tous les poissons se nourrissant de larves, diminuera d’autant la quantité de poissons sportifs. Qui plus est : à une étape ou l’autre de leur cycle de vie, la plupart des prédateurs aquatiques se nourrissent exclusivement de chironomides (Santé Canada, 1999)[1].
Avec le Bti, c’est donc tous le délicat réseau trophiques des milieux qui est bouleversé. En 2012, le Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs a produit un document sur les retombées économiques des activités de chasse, de pêche et de piégeage au Québec (Ecotec, L’industrie faunique comme moteur économique régional, juin 2014). Les pêcheurs qui pratiquent leur activité en hiver dépensent 42,7 M$ au Québec; en eau libre, leur dépenses atteignent 1059,8 M$. Un poisson populaire chez les pêcheurs et particulièrement friand des chironomes est l’omble de fontaine (truite mouchetée). Voici, à ce titre, le commentaire d’une limnologue de formation (écologie des eaux douces), (Anderson, Caroline, 2013) de chez nous :
Lors d’une journée de pêche mémorable datant de quelques années (mémorable à cause de l’anecdote qui suit), je m’étais amusée à examiner le contenu alimentaire de l’omble de fontaine que nous avions capturée. C’était à la fête de la pêche et nous partagions le lieu de « dissection » avec d’autres pêcheurs amateurs que nous ne connaissions pas. J’étais très impressionnée de découvrir que les estomacs de nos truites étaient remplis de nymphes de chironomes. Voici la photo éloquente du contenu de l’estomac d’un autre poisson friand de chironomes.
Vidéo éloquente d'un biologiste expert de la pêche à la mouche en Colombie-Britannique Voici une courte vidéo (en anglais) qui montre le rôle important des chironomes pour les espèces.
Les retombées économiques de la pêche à l’omble de fontaine se chiffrent à 340 millions de dollars par an et cette pêche sportive permet la création de 3000 emplois dans la province (Société Radio-Canada, Deschênes, Jean-François, mars 2019).
Ailleurs au pays, les constats sont les mêmes; dans les lacs de la Colombie-Britannique, les larves de chironomes font évidemment aussi partie de l’alimentation des truites et des saumon kokanee et les pêcheurs sportifs le savent; dans cette province, on vend des hameçons qui imitent l’aspect des chironomes pour optimiser les succès des sorties de pêche.
Impact sur l’ornithologie
En 2011, le Regroupement QuébecOiseaux (RQO) a présenté une étude qui évalue le nombre d’observateurs d’oiseaux au Québec à plus de 1,5 million d’amateurs. Les dépenses directes liées à l’ornithologie représentent une somme de 195,5M $ annuellement. Bien que peu d’études ont été réalisées au Canada sur l’apport économique de l’ornithologie, on peut avoir une bonne idée de l’apport économique de ce loisir chez nous en jetant un coup d’oeil à ce qui se passe aux États-Unis; chez nos voisins, l’obsevation des oiseaux rapportent encore plus que la chasse et la pêche.
Les insectes, essentiels à la vie.
Il est clair que la disparition des insectes au plan global, soit une chute généralisée de 40 % des insectes dans le monde (Sanchez-Bayo, F., Wyckhuys, K.A.G, avril 2019) a des impacts sur l’économie; puisque les insectes sont à la base de la pyramide alimentaire, on ne saurait faire sans eux. Le Bti, au côté des autres insecticides utilisés chez nous et dans le monde, vient ajouter une pression supplémentaire, pression qu’on commence à peine à percevoir et à comprendre.
Enfin, nous n’avons qu’effleuré ici l’aspect économique de la question Bti; impossible dans ce document de faire le tour de cette question aux ramifications multiples. Comme pour les effets environnementaux, on commence à peine à voir la pointe de l’iceberg.
Questions:
- Quand les décideurs feront-ils le lien entre biodiversité et économie?
- Quand feront-ils le lien entre biodiversité et coûts pour la santé humaine?
- Quels sont les impacts économiques d’un appauvrissement de la biodiversité dû au Bti sur la santé publique?
- Quels sont les impacts économiques d’un appauvrissement de la biodiversité dû au Bti relevant de la pratique de l’ornithologie, l’observation de la nature en général et la pêche sportive à l’échelle de la province?
- Quel coût ajoutent les adjuvants pulvérisés année après année sur la qualité de l’eau?
- Jusqu’où sommes-nous prêts à aller au nom du confort?
[1] Document obtenu par demande d’accès à l’information en nov. 2019. Pour télécharger ce PDF, cliquer ici : Questions posées par le ministère de l’Environnement du Québec à l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire à propos du Bacillus thuringiensis variété israelensis (avril 1999).